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Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
22 janvier 2016

VIE DE HILDEGARDE DE BINGEN

 

  1. Son enfance

Hildegarde est née en 1098 à Bermersheim en Rhénanie, actuellement situé en Allemagne dans le land du Palatinat sur la rive gauche du Rhin. Elle est issue d’une famille noble. Elle est la dernière d’une fratrie de 10 enfants. « De sa mère on ne connaît que le prénom, Mechtilde ou Mathilde. Son père, Hildebert appartient à une antique lignée de seigneurs locaux, attestée dès l’époque franque, implantés dès la seconde moitié du VIIIe siècle au lieu dit Bermersheim, près l’Alzey, dans le comté de Sponheim[1]. »  En 1106, Hildegarde est très vite confiée à la recluse Jutta von Spannheim qui fera son éducation au monastère bénédictin du Disibodenberg. Elle n’a que 8 ans. « L’usage des ‘’oblats’’, par lequel on offrait à Dieu de jeunes enfants pour être religieux dans un monastère, qui pourvoirait à leur éducation et à leur instruction, était très répandu à cette époque[2]. » Cependant ce n’est qu’à 14 ans, le 1° novembre 1112, qu’elle devient officiellement recluse. Elle prononce ses vœux perpétuels en 1115 et c’est des mains de l’évêque Otton de Bamberg qu’elle reçoit le voile des vierges consacrées. Nous ne savons pas grand-chose des années qui suivirent sa consécration. Cependant durant cette période elle va approfondir ses connaissances bibliques, littéraires et musicales.

  1. Hildegarde supérieure de communauté

En 1136, à la mort de Jutta von Spannheim, Hildegarde est élue supérieure de la communauté. « De 1136 à 1141, la vie d’Hildegarde se déroule apparemment sans anicroche, ponctuée par les heures canoniales, partagée entra la prière, la méditation et le travail, manuel ou intellectuel, individuel ou collectif, comme l’enseigne la Règle de St Benoît. Et pourtant un lourd secret la torture, de plus en plus accablant. Favorisée depuis son enfance de visions et de révélations extraordinaires, ‘’voyant que cela n’arrivait à personne d’autre’’, elle n’avait pas osé les dévoiler, par pudeur et par crainte du qu’en-dira-t-on[3]. »

Cependant, en 1141, elle sera amenée par la « volonté de Dieu » lui-même, à rédiger le premier livre de ses visions et à dépasser ses réticences : « Et voici que, dans la quarante-troisième année du cours de ma vie temporelle, alors que, dans la grande crainte et une tremblante attention, j’étais attachée à une céleste vision, j’ai vu une très grande clarté, dans laquelle se fit entendre une voix venant du ciel et disant : ‘’Fragile être humain, cendre de cendre et pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends. Mais, parce que tu es peureuse pour parler, naïve pour exposer et ignorante pour écrire cela, dis-le et écris-le en te fondant non pas sur le langage de l’homme, non pas sur l’intelligence de l’invention humaine, non pas sur la volonté humaine d’organisation, mais en te fondant sur le fait que tu vois et entends cela d’en haut, dans le ciel, dans les merveilles de Dieu, en le rapportant dans un compte rendu semblable à celui de l’auditeur qui, recevant les paroles de son maître, les publie en respectant la teneur de son expression, avec l’accord, l’exemple et la volonté de ce dernier’’. »[4]  Elle se mettra donc au travail, aidée en cela d’un des moines du Disibodenberg, Volmar, qui deviendra le conseiller, puis l’assistant et le confident de la moniale pendant près de 30 ans. Il fera également office de secrétaire. Elle écrira le Scivias  (Connais les Voies) durant 10 années de 1141 à 1151. Elle sera encouragée en 1147-1148 par le pape Eugène III qui préside un synode à Trèves. Le souverain pontife sera enchanté par les premières pages du livre et demandera à la moniale de continuer son travail. « L’encouragement du pape en tout cas surprend pas sa vigueur. La carrière publique de la bénédictine est faite. A partir de 1148, Hildegarde est réellement un personnage en vue, dans tout le Saint Empire[5]. »

    3. Hildegarde fondatrice

Le Scivias n’étant pas encore achevé, la moniale décide de fonder son propre monastère sur le Rupertsberg près de Bingen. Cela ne va pas se faire facilement. En effet, elle doit vaincre les réticences de son abbaye d’origine, le Disibodenberg. Son projet aboutit pourtant en 1150. Mais les difficultés ne diminuent pas pour autant. « Dans son autobiographie, Hildegarde fait allusion aux conditions matérielles précaires de la phase initiale, qui provoquèrent l’incompréhension de certaines religieuses, à tel point que plusieurs départs s’ensuivirent[6]. » De plus, la stricte observance de la règle de St Benoît ne plait pas à toutes les moniales, enfin les conflits avec la maison mère ne sont pas terminés. En 1158 seulement, Arnold, nouvel archevêque de Mayence, règle la situation de la jeune fondation. La même année, Hildegarde entreprend la rédaction de son deuxième ouvrage : Le Livre des mérites de la vie. Sa composition sera achevée en 1163. Puis elle enchaînera par l’écriture de son troisième livre majeur : Le Livre des œuvres divines. Ce dernier sera achevé en 1173. En 1165, elle fonde un deuxième monastère, celui de Eibingen.

La renommée de la religieuse s’amplifie. De plus en plus de personnages influents lui demandent des conseils. Elle écrira de nombreuses lettres à des princes, des rois, des papes, pas seulement en Allemagne, mais aussi en Angleterre, aux Pays-Bas, en France, en Suisse, en Italie, à Byzance. Elle effectuera également 4 voyages entre 1158 et 1170 où elle visitera des monastères. Elle sera autorisée à prêcher en présence du clergé et du peuple dans certaines villes épiscopales : Cologne, Trèves, Metz, Wurzbourg, Bamberg.

 

  1. La mort d’Hildegarde

Avant de mourir en 1179 dans son monastère du Rupertsberg, Hildegarde doit encore affronter une dernière difficulté. Sa communauté est frappée d’interdit parce que la moniale avait fait inhumer dans le cimetière du couvent un jeune noble, excommunié pour un crime notoire. Ce dernier avait bien été réconcilié par la confession mais cela ne suffisait pas. Les prélats de Mayence exigeaient donc que le cadavre soit exhumé et mis dans un endroit profane. Elle « accordait plus de valeur au repentir du jeune homme et à sa réconciliation finale avec Dieu qu’à la rigueur toute juridique des prélats de Mayence. Elle refusa de toucher à la tombe bénite et se soumit à la sentence[7]. » Après de nombreux courriers pour se défendre, Hildegarde obtient la levée de l’interdit par l’archevêque de Mayence, Christian (1167-1183).

Elle peut désormais rejoindre la maison du Père : « Après avoir souffert de maladie pendant un certain temps, elle s’en alla vers son Epoux céleste dans un heureux passage, en la quatre-vingt-deuxième année de sa vie, le 15 des calendes d’octobre [17 septembre]. Ses filles, dont elle était toute la joie et la consolation, se tenaient autour du lit de mort de leur mère chérie, pleurant amèrement[8]. » (Vita III, 27) Même si de nombreux dictionnaires la déclarent avec le préfixe « sainte », compte tenu des très nombreux miracles qu’elle a prodigués depuis des siècles, elle ne sera jamais canonisée par Rome mais restera comme une véritable sainte dans l’esprit du peuple reconnaissant.

Yannick BEUVELET, mémoire de Master.



[1] C. Munier, La vie de Sainte Hildegarde de Bingen et les actes de l’enquête en vue de sa canonisation, Paris, Cerf, 2000, p. 29.

[2] Ibid., page 30.

[3] Ibid., page 33.

[4] Hildergarde de bingen, Scivias, « Sache les voies » ou Livre des visions, Présentation et traduction par P. Monat, 2ème édition, Paris, Cerf, 1996, page 25-26.

[5] Hildergarde de bingen, Le Livre des œuvres divines (Visions), présenté et traduit par B. Gorceix, Paris, Albin Michel, 1989, page XIX.

[6] C. Munier, La vie de Sainte Hildegarde de Bingen et les actes de l’enquête en vue de sa canonisation, Paris, Cerf, 2000, p. 38.

[7] Ibid., page 42.

[8] Ibid.

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