Transmuer les faiblesses en forces 2

Dans ses visions, Hildegarde voyait la transformation symbolique des processus morbides provoqués par les faiblesses spirituelles, ou vices. En voici un certain nombre d’exemples :

-       Le feu consume la maladie, tout comme la fièvre épuise les bactéries et les virus pendant une infection.

-       Les vers, par un processus de détérioration et de putréfaction, transmuent les facteurs de risque en forces, ou vertus. En obligeant le corps à lutter contre les ennemis et les intrus, la maladie fortifie le système immunitaire.

-       Le soufre et la puanteur symbolisent les gaz et les aliments viciés susceptibles d’être transmués au moyen d’un nettoyage de l’intestin et d’une alimentation saine.

-       Les ténèbres et le brouillard, ou le « smog », symbolisent le souffle court, les mécanismes d’auto-agression, la souffrance et la mort. Ils se transmuent grâce au nettoyage de l’intestin, à la régénération du foie et à une alimentation saine, autant de mesures qui favorisent par ailleurs une renaissance d’ordre spirituel.

-       Le dragon personnifie les mauvaises habitudes, les dépendances et les obsessions. La mise à mort par saint Georges du dragon, avec le secours des forces angéliques, délivre l’âme captive de ses passions mortifères et libère l’esprit de ses obsessions. Saint Georges, qui était soldat, mourut pour sa foi au IV° siècle, et son culte devient rapidement populaire. De nos jours encore il est extrêmement vénéré dans le monde chrétien, à la fois d’Occident et d’Orient A Weltenburg près de Ratisbonne, dans une magnifique abbaye bénédictine, l’on peut admirer une très belle statue de saint Georges. Elle montre le saint monté sur son cheval en train de libérer une âme emprisonnée sous les traits d’une belle jeune fille. Cette statue, œuvre du célèbre architecte Cosmas Damian Asam, est une illustration puissante de l’aide qui pourrait être fournie aux jeunes qui se droguent ou sont soumis à d’autres obsessions.

-       Le serpent est symbole de renouveau, car chaque année il se dépouille de sa vieille peau. Il symbolise le renouvellement et la guérison d’affections cutanées comme la névrodermite, le psoriasis ou l’acné, dont la cause est à attribuer au mécanisme d’auto-agression.

Les trente-cinq vices présentés par Hildegarde, ainsi que les dysfonctionnement et maladies qu’ils déclenchent, sont donc dispensateurs d’enseignements. Les difficultés et les souffrances sont inévitables en ce monde, et nous devons les regarder plutôt comme des bénédictions, parce qu’elles nous invitent à renouer avec notre véritable nature.

Nombre de saints ont atteint les sommets de la spiritualité moyennant d’atroces souffrances, de même que Beethoven, Van Gogh ou Schubert ont atteint grâce à elles les sommets de la créativité. Chacun de nous a intérêt à prêter attention au message que cherche à lui communiquer un dysfonctionnement –ou une maladie- afin qu’il puisse faire le nécessaire pour le transmuer en santé, pour transformer ses faiblesses en forces et ses ennemis en amis.  

Wighard STREHLOW, La guérison du corps et de l’esprit selon Hildegarde de Bingen, Saint-Jean-de-Braye, 2002, Editions Dangles, p. 16-17.