La cour céleste

Voici une autre image qui illustre la vision d'Hildegarde sur l'organisation des puissances célestes. Chez elle, c'est plus sous la forme de cercles concentriques où se trouvent les diverses catégories d'anges.

La cour céleste dans le « Hortus Deliciarum » manuscrit du XII° siècle (détruit à Strasbourg en 1870)

Ce qui nous est présenté ici n’est que la moitié d’une image, la partie droite d’un ensemble qui semble avoir eu la forme d’un grand bateau, d’une nef. C’est une des rares images au sujet desquelles il existe peu de commentaires de la part de ceux qui avaient connu le manuscrit avant sa destruction. Serait-ce parce que, par l’ensemble de son contenu, l’image soulève plusieurs questions auxquelles il est bien difficile de répondre ?

Le titre donné le plus souvent à l’image est celui qu’indique le texte en haut : la Cour céleste. C’est sans doute parce qu’on y voit tous les élus réunis, les anges et les saints. D’après une croyance assez répandue au Moyen-Age, mais nullement basée sur l’Ecriture Sainte, il y aurait au ciel autant de saints que d’anges. En effet, à bien regarder l’image, on y voir chaque fois un saint ou une sainte avec un ange à ses côtés. Les deux sont légèrement tournés l’un vers l’autre comme pour un dialogue, ou, selon l’expression d’un théologien de l’époque, pour une éternelle congratulation.

Comme, suivant la théologie traditionnelle, on distinguer neuf chœurs d’anges, il y a sur cette image également neuf catégories de saints : les Vierges en tête, puis les Apôtres, suivis des Martyrs et de Confesseurs. Ces quatre catégories sont présentées sur fond d’or. Pourquoi cela ? Sans doute parce que ce sont les saints canonisés du Nouveau Testament. Après ces quatre groupes il y en a deux autres : les Prophètes et Patriarches, en quelque sorte les saints canonisés de l’Ancien Testament, sur fond d’argent. Restent encore trois catégories : celle des non-mariés sur fond rouge, des mariés sur fond vert, enfin les païens sauvés sur fond jaune-orange.

1. Les Vierges se trouvent unies au chœur des Séraphins.

2. Les Apôtres au chœur des Chérubins.

3. Les Martyrs au chœur des Trônes.

4. Les Confesseurs au chœur des Vertus.

5. Les Prophètes au chœur des Dominations.

6. Les patriarches au chœur des Puissances.

7. Les non-mariés au chœur des Principautés.

8. Les mariés au chœur des Archanges.

9. Les païens au chœur des Anges.

On ne remarque de signes particuliers que dans la rangée des Martyrs, où tous portent une palme et dans celle des Vierges qui portent ou un lis ou une palme.

Le texte en haut signifie : « Dans la Cour céleste les Saints sont égaux aux Anges, et chacun dans sa demeure reçoit gloire et récompense selon ce qu’il a mérité. »