Arrogance/humilité 3 (vice et vertu n°16)

Paroles curatives d’humilité

L’humilité rétorque à l’arrogance : « Je suis pareille aux nuages blancs. Pourquoi souffrirais-je face à l’injustice, aussi grande soit-elle ? Le Créateur lui-même n’est-il pas descendu du ciel pour étreindre sa créature bien-aimée ? Moi, l’humilité, j’étais aux côtés du Créateur à ce moment-là. Je vis partout dans le monde, et ne peux me glorifier d’être quelqu’un à part. Sinon je ne serai pas le soleil qui illumine les ténèbres. Avec l’aide de Dieu, je suis toute obscurité, sur terre et dans l’univers. » (LVM III, 6)

Dans l’oratorio composé par Hildegarde, à savoir « Ordo virtutem »,l’humilité est la reine de toutes les vertus, puisque c’est elle qui incite l’âme à faire le retour à Dieu. Elle dit : « Je suis une colonne pour les humbles en esprit mais l’assassin des orgueilleux de cœur. Je me tenais d’abord en des lieux très bas, puis j’ai été haussée jusqu’au ciel. Lucifer a voulu s’élever très haut d’emblée, et ainsi s’est trouvé précipité en bas. Quiconque veut m’imiter et être mon enfant et m’étreindre, comme si j’étais sa mère par ma propre œuvre, qu’il touche d’abord terre et ensuite s’élève prudemment vers les sommets. Que faut-il entendre par là ? Que cette personne doit avoir conscience de la faiblesse de sa chair et fasse de son ascension pas à pas, de vertu en vertu (Psaume 84, 8), avec un esprit doux et bienveillant. Car quiconque veut grimper vite jusqu’à la plus haute branche d’un arbre risque fort de tomber soudain. Tandis que celui qui va doucement, en s’assurant de bonnes bases, risque très peu de chuter, parce qu’il avancera avec circonspection. » (SC III, vision 8, 1)

Wighard STREHLOW, La guérison du corps et de l’esprit selon Hildegarde de Bingen, Saint-Jean-de-Braye, 2002, Editions Dangles, p. 179-180.