Quatrième vision : la Trinité une (SC II, vision 2) Première partie

La Trinité revêt une suprême importance dans le christianisme. Pour comprendre toute cette importance, il nous faut revenir à la propagation de l’arianisme au IV° siècle. L’empereur Constantin convoqua en effet le premier concile œcuménique en 325 à Nicée pour définir le credo chrétien, contre l’arianisme qui prétendait que Jésus-Christ n’était pas vrai Dieu. Et quatre-vingts ans plus tard, lors du deuxième concile réuni par Théodose, ce credo fut précisé. Dans une de ses enluminures, Hildegarde propose une image de la Trinité plus vivante que la formule de Nicée, mais aussi plus intelligible, à savoir cette d’un champ énergétique d’or et d’argent entourant un Christ de couleur saphir, très anthropomorphe, et dont les mains sont étendues en un geste de guérison. L’énergie trinitaire se propage à la manière de vibrations électromagnétiques, tandis que le feu de l’Esprit saint unit toutes choses. Hildegarde dit : « Une seule lumière, trois personnes, un seul Dieu ; la puissance de l’énergie trinitaire anime toutes choses. » Associée à la matière, l’énergie trinitaire fait naître la vie sur la terre. Ce principe est connu depuis des temps extrêmement reculés, puisqu’on le rencontre déjà dans la mythologie des civilisations dites primitives. Par contre, la science ne l’a redécouverte qu’au XX° siècle avec la mécanique quantique. Deux propriétés s’excluant mutuellement, celle de l’énergie et celle de la matière, coexistent dans l’enluminure d’Hildegarde, sous forme de vagues d’or et d’argent unissant Dieu le Père et le Christ, Dieu qui s’est fait chair. La lumière argentée représente Dieu le Père, créateur de la vie, le Christ de couleur saphir le monde créé, tandis que l’or tirant sur le rouge symbolise l’Esprit saint dans lequel il n’y a ni sécheresse, ni mort, ni ténèbres.

Wighard STREHLOW, La guérison du corps et de l’esprit selon Hildegarde de Bingen, Saint-Jean-de-Braye, 2002, Editions Dangles, p. 49-50.