L’IRIS (Swertula)

L’iris est chaud et sec, et toute sa verdeur réside dans sa racine, dont la verdeur remonte dans les feuilles. 

Au mois de mai, recueille donc le suc de ses feuilles, fais fondre du saindoux et ajoutes-y ce suc pour en faire un onguent qui soit vert à la vue. Si on a une petite ulcération, il faut se frotter souvent avec cet onguent et on guérira. Et si quelqu’un à la peau du visage dure comme de l’écorce, ou boutonneuse, ou bien encore s’il a mauvais teint, qu’il exprime le suc de ses feuilles et le mette dans un récipient avec de l’eau de fleuve, comme nous l’avons déjà dit ; qu’il fasse chauffer modérément et se lave le visage avec l’eau et le suc ainsi réchauffés ; qu’il le fasse souvent, et il obtiendra ainsi une peau douce et un teint frais et agréable. 

On peut aussi faire cuire feuilles et racines d’iris dans de l’eau, puis retirer l’eau et placer le résidu autour de la tête des frénétiques, en faisant tenir avec un linge, pour qu’ils dorment ainsi ; répéter souvent. On peut aussi inciter les racines, les fourrer de miel et les faire ainsi manger souvent au frénétique : ainsi, il guérira.

Ecraser également les racines dans un mortier avec du bon vin, filtrer et chauffer le vin, qu’on donnera à boire chaud à celui qui a des calculs. Celui qui a des difficultés à uriner voir ainsi ses calculs se ramollir, et les organes qui étaient bloqués peuvent s’ouvrir. 

Contre une lèpre qui commence à se manifester, piler de la racine d’iris et la mettre dans du lait d’ânesse ; puis faire fondre de la graisse de porc, et y ajouter la racine pilée avec le lait d’ânesse ; faire cuire en mélangeant, puis filtrer avec un linge et recueillir le liquide dans un récipient : on aura ainsi un onguent. Faire ensuite une lessive avec des cendres d’elren (Terme non identifié) ; si quelqu’un commence à sentir la lèpre, pendant que celle-ci est encore à son premier stade, qu’il se lave tout de suite le corps avec cette lessive, là où il est atteint ; puis qu’il se frictionne avec l’onguent susdit ; qu’il le fasse souvent, et il guérira. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.124-125