Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
27 mars 2020

LA RUE (Rutha)

La rue pousse grâce à la forte et pleine verdeur de la terre, plutôt que grâce à la chaleur ; elle contient une chaleur modérée, mais elle est essentiellement chaude. Elle est efficace par son humidité, et elle est bonne contre les aigreurs qui apparaissent chez les gens à qui font défaut les humeurs favorables. Elle est meilleure et plus efficace crue que réduite en poudre dans les aliments cuits. Quand on en mange, elle apaise les bouillonnements excessifs du sang chez l’homme. En effet, la chaleur de la rue atténue l’excès de chaleur de la mélancolie et tempère son excès de froid. Et le mélancolique se portera mieux s’il prend de la rue après ses autres aliments. Et si on a pris un aliment qui provoque une douleur, il faut manger de la rue, et on aura moins mal. 

Si on a les yeux qui pleurent, prendre de la rue et deux fois autant de sauge, puis du cerfeuil, deux fois autant que de sauge ; écraser légèrement dans un mortier, pour qu’elles rendent un peu de suc ; puis mêler ces herbes ainsi écrasées à un blanc d’œuf : le soir, au coucher, en mettre sur le front, d’une tempe à l’autre : cela enlève les humeurs mauvaises. 

Quand la vue s’assombrit et se trouble, comme s’il y avait un nuage ou une sorte de brouillard, prendre du suc de rue et deux fois autant de pur miel liquide ; mélanger avec un peu de vin bon et clair, tremper dans la mie de pain de blé et faire tenir sur les yeux la nuit à l’aide d’un bandage. 

Quand on souffre de temps en temps des reins et des lombes, cela provient bien souvent d’une faiblesse de l’estomac. Prendre alors de la rue et de l’absinthe en quantité égales ; y ajouter un poids légèrement supérieur de graisse d’ours ; piler le tout ensemble et s’en frotter vigoureusement les reins et le dos, là où on a mal, en se tenant devant le feu. 

Si un homme est dérangé lors des plaisirs de l’amour, et que son sperme a été sur le point de jaillir, mais qu’il est demeuré à l’intérieur du corps, et qu’il commence à faire souffrir, prendre de la rue et un peu moins d’absinthe, en exprimer le suc, y ajouter du sucre et du miel, et autant de vin qu’il y a de suc ; faire chauffer par cinq fois dans une marmite neuve ou dans une casserole, avec de l’acier chauffé à blanc ; après avoir mangé un petit peu, prendre de cette boisson chaude. Si on est en hiver et qu’on ne peut se procurer lesdites herbes, réduire en poudre des baies de laurier et deux fois autant de dictame, et, après avoir pris un peu de nourriture, boire du vin qu’on aura réchauffé avec de l’acier incandescent. De la sorte, l’humeur nocive qui était restée s’en va avec l’urine et les selles. 

Si on a mangé quelque chose qui provoque de la douleur, prendre aussitôt de la rue avec de la sauge et du sel, et aussitôt on se portera mieux. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.80-82

Rue2

Publicité
Publicité
Commentaires
Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
Publicité
Archives
Publicité