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Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
17 mars 2021

Dégoût de la vie/joie céleste 5 (vice et vertu n°35)

Paroles nocives de mélancolie profonde

La mélancolie profonde s’exprime en ces termes : « Ah, si seulement je n’étais pas née ! Je suis bien à plaindre ! Qui volera à mon secours ?  Qui m’apportera un peu de joie ? Si Dieu savait que j’existe, Il ne permettrait pas que je sois aussi malheureuse. Jamais rien de bon ne m’a été donné qui m’inciterait à avoir foi en Dieu. » (LVM V, 15)

De telles personnes ont comme des pieds en bois. Elles refusent obstinément de changer de vie ; refusent de céder à la foi et à l’espoir, de sorte qu’elles foncent droit dans le désespoir. Elles perdent toute vitalité et végètent dans l’inquiétude profonde, en retrait de toute joie, aussi bien céleste que terrestre. La figure représentant la mélancolie profonde ne porte aucun vêtement, seules de sinistres branches couvrent sa nudité. Le vice de la mélancolie profonde ôte, il est vrai, toute estime de soi, toute intégrité. Seule demeure la détresse. Les personnes qui en sont affligées ne s’aiment ni n’aiment autrui, et leur mine défaite met en souci leur entourage. 

Sortis d’un nuage noir, des esprits grimaçants et malveillants soufflent leur haleine fétide vers la figure féminine dans l’arbre, lui ravissant ainsi toute consolation et toute chance de retour à l’équilibre psychique. Il ne lui reste plus que la désespérance. Poussant un profond soupir, elle s’écrie : « Même lorsque je me réjouis en Dieu, ce sentiment abominable refuse de me quitter. J’ai tant de fois prêté l’oreille aux philosophes qui louent la bonté de Dieu, et pourtant Dieu ne m’a procuré aucun bien. Si Dieu me comprend, pourquoi me cache-t-Il sa miséricorde ? J’aurais foi et confiance en Lui s’Il daignait m’accorder quelque chose de bon. Je ne sais même pas qui je suis. Je suis née dans la calamité et ai été créée pour la tristesse, car vraiment je ne connais pas la moindre consolation. Que vaut une vie sans amitié ? Pourquoi donc suis-je née, puisque rien d’agréable n’advient dans ma vie ? » (LVM V, 15)

Wighard STREHLOW, La guérison du corps et de l’esprit selon Hildegarde de Bingen, Saint-Jean-de-Braye, 2002, Editions Dangles, p.295-296.

 

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