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Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
13 avril 2021

L’ABSINTHE (Wermuda)

L’absinthe est tout à fait chaude et remplie de vertus, et elle est le souverain remède contre les langueurs. On peut mettre une bonne quantité de son suc dans du vin chaud, et, si on a mal à la tête, la frotter tout entière jusqu’aux yeux, aux oreilles et à la nuque : faire cela le soir, au coucher, et couvrir la tête jusqu’au matin avec un bonnet de laine. 

Si des douleurs envahissent les oreilles, ou quelque sorte de vermine, prendre de l’absinthe, une demi-part de rue et un quart d’hysope ; faire bouillir dans de l’eau ; quand l’eau bout, incliner la tête, et, avec un roseau, faire entrer la vapeur qui s’échappe dans l’oreille qui n’est pas malade, de façon que la vapeur aille jusque dans l’oreille où se trouve le mal et la chasse. Toutefois, il faut d’abord enduire légèrement l’oreille où se trouvent les vers avec un peu de miel, et aussi un peu de saindoux rassis, afin que, lorsque ceux-ci sentiront la vapeur, ils se réfugient dans la couche molle de ces produits. On peut aussi faire brûler un épi d’orge, avec ou sans ses grains, et faire entrer dans une oreille, avec un roseau creux, la fumée qui s’en dégage. Répéter plusieurs fois par jour, et on sera délivré de ce mal, ou alors c’est que Dieu ne veut pas qu’on soit délivré. 

Une fois que la vermine est sortie de l’oreille, faire bouillir de l’huile d’olive dans un récipient neuf et faire passer la vapeur dans l’oreille où se trouvait la vermine pour que l’oreille en soit enduite ; puis frotter l’intérieur de l’oreille avec cette même huile refroidie ; s’il y en a un peu qui pénètre à l’intérieur, cela ne fera pas de mal. On peut aussi faire cuire l’absinthe dans de l’eau, de façon à faire pénétrer la vapeur dans l’oreille saine ; boucher ensuite cette oreille avec la main pour empêcher la vapeur de sortir. En procédant souvent ainsi, on sera guéri. 

Si on souffre des dents, soit parce que le sang se gâte soit parce que le cerveau est sujet à des écoulements, faire cuire, dans une marmite neuve, de l’absinthe et de la verveine en poids égaux, avec du bon vin, filtrer et boire en ajoutant un peu de sucre. Quant aux plantes on les attachera sur la mâchoire avec un linge avant d’aller se coucher. Répéter jusqu’à la guérison. 

Absinthe

Le suc d’absinthe peut être mélangé à de l’huile d’olive dans la proportion de deux pour un : faire chauffer au soleil dans un récipient de verre et conserver au soleil dans un récipient de verre et conserver ainsi toute l’année. Et lorsqu’on souffre de la poitrine et que l’on tousse, se frotter dans les côtés, s’en frotter à cet endroit, et cette onction guérit à l’intérieur comme à l’extérieur. 

Le suc d’absinthe peut être mélangé à de l’huile d’olive dans la proportion de deux pour un : faire chauffer au soleil dans un récipient de verre et conserver ainsi toute l’année. Et lorsqu’on souffre de la poitrine et que l’on tousse, se frotter avec cet onguent ; et si on éprouve des douleurs dans les côtés, s’en frotter à cet endroit, et cette onction guérit à l’intérieur comme à l’extérieur. 

On peut aussi piler de l’absinthe dans un mortier pour obtenir du suc, et y ajouter de la graisse et de la moelle de cerf, quatre parts de suc pour deux de graisse et une de moelle. Faire ainsi un onguent, et, quand on est l’objet d’une forte attaque de goutte qui menace de briser les membres, se frotter avec cet onguent, près du feu, et on sera guéri. 

Quand l’absinthe est fraîche, on peut en recueillir le suc : faire cuire doucement du miel avec du vin, y ajouter le suc d’absinthe, de façon que son goût l’emporter sur celui du vin et du miel. Puis, de mai à octobre, pas tous les jours, mais tous les trois jours, boire à jeun ce liquide froid. Il apaise la douleur des reins et la mélancolie, éclaircit la vue, réconforte le cœur, empêche le poumon de s’affaiblir, purge les entrailles et assure une bonne digestion. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.113-115.

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