Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
20 avril 2021

LA TANAISIE (Reynfan)

La tanaisie est chaude et relativement humide ; elle est efficace contre toutes les humeurs superflues qui s’écoulent. Si on souffre de catarrhe et qu’on tousse, prendre de la tanaisie, soit dans une boisson soit en boulettes, ou avec de la viande, ou sous quelque forme que ce soit. Elle empêche l’accroissement des humeurs et celles-ci disparaissent. Si on souffre d’un gros rhume, prépare un plat avec de la farine et de la tanaisie, et en manger souvent de la sorte : l’aridité et les ulcères intérieurs de ce rhume seront guéris. 

Si on souffre de lourdeurs à l’estomac, provoquées par diverses nourritures, prendre un bouillon qui a été cuit, dont on a retiré les légumes et les assaisonnements, ajouter de la tanaisie et faire recuire. En manger souvent, cela adoucira l’estomac, l’allège et assure une bonne digestion. 

Si on ne peut uriner parce qu’on est bloqué par un calcul, il faut piler de la tanaisie, recueillir son suc à travers un linge, ajouter un peu de vin et en boire souvent : on sera libéré du blocage et on produira de l’urine. 

Si une femme éprouve des douleurs provoquées par son écoulement menstruel, qu’elle prenne de la tanaisie, un poids égal d’herbe fébrifuge (centaurée ?), et du bouillon blanc, un plus que des deux précédentes : qu’elle fasse chauffer dans une marmite découverte, bien tempérée par le soleil et l’air. Puis qu’elle prenne des briques et les mette sur le feu, et qu’elle prépare un bain chaud avec de l’eau et les herbes. Quand elle entre dans ce bain, qu’elle place les herbes chaudes sur le siège et s’assoie dessus. Et si elles se refroidissent, qu’elle les remette à chauffer dans l’eau déjà utilisée. Qu’elle fasse cela chaque fois qu’elle s’assied dans ce bain ; ainsi, grâce aux humeurs de ces herbes, elle adoucira sa chair à l’extérieur, sa matrice à l’intérieur, et celles de ses veines qui sont fermées s’ouvriront. 

Ensuite, prendre de la tanaisie, une part, un tiers de millefeuille, de la rue, un tiers de ce qu’il y a de millefeuille, et autant d’aristoloche longue qu’il y a de tanaisie et de millefeuille, et un peu plus de dictame : piler le tout dans un mortier et faire cuire dans une marmite avec du vin bon et pur ; verser ensuite les herbes avec le vin dans un récipient, en mettant par-dessus du giroflier autant qu’on peut en avoir, du poivre blanc, un peu moins que de giroflier, piler ; faire bouillir une bonne quantité de miel frais et sans impureté dans du très bon vin, et l’ajouter aux herbes. Puis filtrer le liquide, qu’elle boira chaque jour, avant et après le repas ; mais qu’elle ne boive pas dans le bain susdit, car le bain est quelque peu astringent. Répéter jusqu’à guérison. 

En attendant, aussi longtemps qu’elle souffre de cette constriction de son sang, qu’elle évite la viande de bœuf et les autres aliments abondants et forts, qu’elle mange des nourritures douces et boive du vin. Si parfois elle doit boire de l’eau, qu’elle prenne de l’eau de puits et évite les eaux salées et celles de sources, car elles sont plus dures que les autres eaux. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.116-118.

Tanaisie

Publicité
Publicité
Commentaires
Sainte Hildegarde de Bingen - Scivias
Publicité
Archives
Publicité