LA LIVECHE (Lubestuchel)

La livèche est de chaleur modérée. Si on la mange crue, elle ramollit la nature de l’homme et ainsi la détériore. Si on la mangeait cuite et sans autres condiments, elle rendrait malade et repoussant, physiquement et moralement. Mais si on la fait cuire avec d’autres condiments, alors elle ne fait pas beaucoup de mal.

Et si quelqu’un souffre de glandes dans le cou, au point que les veines de son cou soient enflées, qu’il prenne de la livèche, à peine plus de lierre, et qu’il les fasse cuire ensemble dans de l’eau. Rejeter l’eau et mettre les feuilles chaudes autour du cou, car les veines de son cou sont distendues au-delà de la normale ; de la sorte, il sera guéri. 

Si, pris de la poitrine, on tousse souvent et qu’on commence à ressentir des douleurs, prendre de la livèche et de la sauge en quantités égales, deux fois autant de fenouil et mettre le tout dans du bon vin, assez longtemps pour que le vin se charge de leur saveur : rejeter les herbes, faire chauffer le vin et boire chaud après le repas, jusqu’à guérison. Si la toux est modérée, boire ce breuvage sans le chauffer, puisque la douleur est légère. Mais si la douleur est forte, le boire chaud, jusqu’à ce qu’elle soit adoucie. 

Dans le cas où de la morve s’écoule du nez d’un cheval et qu’il tousse, si on veut le soigner, il faut prendre de la livèche et un peu moins d’orties : faire cuire dans de l’eau, puis retirer de l’eau : faire passer les vapeurs de cette eau dans les naseaux et la bouche, après lui avoir mis un mors, et il sera guéri. Si un cheval a mal au ventre comme sous l’effet de morsures, prendre de la livèche et un peu moins d’orties, en mettre dans son fourrage pour qu’il en mange, et il sera guéri. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.140-141.