LE DIAMANT 4

Histoire

         Dans l’Antiquité, les premiers diamants arrivèrent des Indes en Europe par la route des caravanes. En menant ses campagnes à travers l’Asie mineure, Alexandre le Grand parvint en Inde où il aurait découvert un ravin couvert de diamants que gardaient des serpents venimeux. L’ingénieux chef de guerre eut alors l’idée de recourir à de grands miroirs qui provoquèrent la fuite des serpents, terrorisés par leur propre reflet. Alexandre aperçut les diamants qui brillaient au fond du ravin dont les pentes étaient si raides que nul ne pouvait les descendre. Il fit donc tuer des brebis bien grasses et jeter leurs quartiers dans le ravin. Les diamants s’accrochèrent à la graisse des brebis, et les vautours, attirés par l’odeur, s’envolèrent vers le fond pour y chercher la chair des cadavres. Les soldats d’Alexandre n’eurent plus qu’à lancer leurs flèches sur les vautours s’élevant vers le ciel avec leur proie, afin de récupérer les précieux diamants. C’est plus ou moins ce que l’on fait de nos jours encore : la roche diamantifère est concassée avec de passer sur des tables vibrantes à graisse, car le diamant, qui est lipophile, s’y incruste facilement. 

         Au Moyen Âge, on confectionnait toutes sortes de remèdes à base de poudre de diamant dans l’espoir d’éviter des maladies. On faisait parfois aussi ingurgiter d’assez gros morceaux à des adversaires dont on voulait se débarrasser. On croyait, en effet, que les diamants étaient à même de ronger peu à peu les entrailles. C’est de cette manière, dit-on, que le célèbre médecin Paracelse serait mort. En revanche, porter une bague sertie d’un diamant ou serrer un diamant sur son cœur, était censé apaiser le courroux des ennemis, chasser les vertiges, la mélancolie et la peur, et rendre le poison inoffensif.

         Malgré le grand prestige dont jouit la reine des pierres précieuses, Hildegarde place le diamant au même rang que les autres gemmes. La Bible non plus ne fait pas de remarque particulière sur le diamant. Quelques spécialistes doutent même qu’il ait été connu dans l’Antiquité. 

         Marbode de Rennes rapporte que le diamant rend invincible celui qui le porte, qu’il chasse les rêves trompeurs, détruit l’influence du poison, préserve de la démence et écarte les ennemis acharnés. Il précise qu’un diamant ne devrait être enchâssé que dans le l’or ou de l’argent, et qu’il faut le porter du côté gauche. 

         Dans notre société moderne, le diamant jouit d’un très grand prestige. On l’associe à la richesse, à la puissance, à la réputation, à la séduction et à l’autorité. On dit toutefois aussi que les diamants les plus précieux attirent la jalousie et portent malheur à leur propriétaire. Or tous les possesseurs successifs du diamant Hope (qui signifie « espoir » en anglais !) ont, de fait connu une mort tragique. 

Dr Wighard STREHLOW, La lithothérapie chrétienne de sainte Hildegarde de Bingen, usage et témoignages, Ed. Résiac, Montsûrs, 2014, p.98-99.