Les principes de la psychothérapie hildegardienne. Les forces divinocosmiques dans l’âme humaine.

Première vision : la dimension cosmique de l’être humain. (LDO 3)

Les quatre éléments et les quatre humeurs 1

William Harvey, médecin et anatomiste anglais, a découvert la circulation sanguine au XVII° siècle. Or, quatre siècle avant lui, Hildegarde de Bingen décrivait déjà le fonctionnement des humeurs à l’intérieur du corps humain Elle écrit notamment : « Et voici, je vis comment les humeurs dans l’organisme humain sont distribuées et altérées par les diverses qualités du vent et de l’air, parce qu’elles revêtent en vérité les mêmes qualités que le vent et l’air. » (LDO 3, 1)

La médecine d’Hildegarde de Bingen repose entièrement sur les quatre humeurs dans l’organisme humain. Notre santé, dit-elle, dépend de la qualité de nos humeurs. Des humeurs saines mettent véritablement de bonne humeur et donnent le bien-être. Dans son traité de médecine intitulé « Causae et Curae » (Les Causes et les Remèdes), Hildegarde décrit les fluides corporels : sang, hormones, sperme, de même que les échanges se produisant entre les organes au moyen de ce qu’elle nomme les « phlegma et livores » (flegmes et liqueurs) : « Le corps de l’être humain comporte quatre humeurs. Deux d’entre elles sont dominantes et appelées flegmes ; les deux autres sont des liqueurs. » (CC 50, 31) Puis, un peu plus loin, Hildegarde dit encore : « Quand ses quatre humeurs sont équilibrées et dans un ordre juste, l’être humain est en paix et il jouit d’une excellente santé physique… Les quatre humeurs dans l’être humain sont en connexion avec les quatre éléments dans la nature. » (CC 56, 34)

La science médicale a connaissance des quatre humeurs depuis l’Antiquité, puisque l’art de guérir d’Hippocrate est entièrement fondé sur l’altération des humeurs. La médecine d’Hildegarde est elle aussi fondée sur l’altération des humeurs, mais elle en donne une articulation différente. En effet, elle voit les quatre humeurs en correspondance avec l’univers, à travers les quatre éléments. Le nombre quatre revêt du reste chez elle une signification toute particulière puisqu’on le retrouve dans sa conception de la structure du cosmos, ainsi que dans la constitution et le fonctionnement de l’être humain, par exemple les tempéraments ou les groupes sanguins.

D’après Hildegarde, les humeurs dans l’homme changent, comme changent aussi de comportement les animaux des quatre directions de l’univers. Elle écrit : « Les humeurs se comportent comme le léopard : tantôt elles rugissent en nous avec férocité, tantôt se tiennent tranquilles. Mais elles peuvent aussi se comporter à la manière du crabe, qui avance puis recule, ce qui signale le caractère changeant de l’être humain. De même, il advient qu’elles se comportent comme le cerf dont les bonds imprévisibles sont signe de contradiction. D’autres fois elles se comportent comme le lion qui manifeste sa force invincible, ou bien ressemblent au serpent, qui se montre tour à tour amical et malveillant. Enfin elles peuvent aussi simuler la douceur de l’agneau, ou gronder en nous comme un ours en colère. C’est ainsi que changent les humeurs en l’être humain. » (LDO 3, 1)

Hildegarde fait également remarquer que les organes et les sens communiquent entre eux au moyen des humeurs, par exemple le foie et le cerveau, ou le foie et les oreilles. C’est là un point extrêmement important de la science médicale hildegardienne, à la fois pour le diagnostic des maladies et le programme thérapeutique. Elle spécifie : « Les humeurs atteignent souvent le foie, l’organe où sont testées les perceptions communiquées par le cerveau… Si les vaisseaux sanguins du foie sont attaqués par les humeurs, celles-ci perturbent à leur tour les vaisseaux de l’oreille, ce qui déclenche des troubles de l’audition. Santé et maladie dépendant souvent de la qualité de notre audition. » (LDO 3, 1)

Wighard STREHLOW, La guérison du corps et de l’esprit selon Hildegarde de Bingen, Saint-Jean-de-Braye, 2002, Editions Dangles, p. 25-27.