LA POTENTILLE (Funffblat)

La potentille est tout à fait chaude, et son suc contient un peu d’humidité. Elle est efficace conte les fortes fièvres. Prendre de la potentille, la piler avec vigueur et la mêler à de la farine avec de l’eau comme si on voulait en faire des petits pains ; mélanger ensuite avec un peu d’huile de baume ou, si on n’en a pas, avec un peu d’huile de pavot, de façon à liquéfier l’ensemble et à l’amollir ; en imbiber un linge de chanvre, le tiédir et le placer autour du ventre de celui qui souffre d’une forte fièvre ; au bout d’une demi-journée ou d’une demi-nuit, ôter le linge, le réchauffer et le remettre en place. Répéter souvent, la fièvre se dissipera et le malade vomira. 

Si on a la vue trouble, mettre de la potentille dans du vin pur et l’écraser dedans ; passer dans un linge et conserver dans un récipient de bronze ; au coucher, s’en frotter le tour des yeux, en laissant un peu pénétrer dans l’œil ; répéter souvent, et on fera disparaître ce trouble de la vue. 

Si on souffre de jaunisse, faire de petites galettes avec de la potentille, de la fleur de farine et un peu d’eau ; en manger à jeun, pendant neuf jours, et on sera guéri. Et cette herbe sert de médicament pour l’homme, sauf si Dieu s’y oppose. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.71-72.