LA MENTHE POULIOT (Poleya)

La menthe pouliot a une douce chaleur et elle est en même temps humide et elle possède en elle un peu de la vertu des quinze herbes suivantes : zituaire, giroflier, galanga, gingembre, basilic, grande consoude, pulmonaire, aristoloche, millefeuille, aurone, polypode, aigremoine, stur (on hésite entre betterave et épinard), géranium des prés, menthe aquatique. Et toutes ces plantes sont bonnes contre la fièvre. 

Si on souffre du cerveau au point d’en devenir fou, mettre de la menthe pouliot dans du vin et faire cuire ; mettre les feuilles chaudes tout autour de la tête, couvrir d’un linge pour tenir le cerveau au chaud et la folie diminuera. 

Si la vue s’obscurcit, extraire du suc de menthe pouliot, s’en frotter le tour des yeux et des paupières, et le brouillard s’éclaircira. Mais si on touche l’intérieur des yeux, la force de la plante les blessera. 

Prendre du fiel de coq et deux fois autant de suc de menthe pouliot, ajouter un peu de vin et faire ainsi un collyre que l’on conservera dans un récipient. Lorsque la vue s’obscurcit chez un homme jeune, ou chez un vieillard d’âge pas très avancé, frotter le tour des yeux et des paupières, en laissant pénétrer un peu dans les yeux. Répéter douze soirs avant le coucher et le brouillard se dissipera. 

Réduire de la menthe pouliot en poudre, mettre de cette poudre dans un mélange à poids égal de miel et de vinaigre et en boire souvent à jeun : cela purge l’estomac et éclaircit la vue. Si on mange souvent des feuilles de menthe pouliot avec du sel, en ajoutant seulement cela aux viandes, on se réchauffera l’estomac, si on l’a froid. Et si on a l’estomac plein, cela le purge et l’assainit. 

Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures divines, Physique, Les plantes, les éléments, les pierres et les métaux, Traduit du latin par Pierre Monat, Editions Jérôme Million, Grenoble 2002, p.130-131.